Les examens complémentaires sont indispensables à la médecine mais ils ne peuvent ni ne doivent remplacer le sens clinique.
Le risque zéro
Dans un article différent j’ai évoqué le risque zéro, c’est-à-dire que plus nous voulons baisser la probabilité qu’un risque se réalise plus ça va coûter cher à la collectivité, autrement dit plus nous voulons une sécurité maximale plus c’est cher.
Cela est particulièrement vrai en médecine.
Les radios inutiles
Je vous donne un exemple : durant toute ma carrière de chirurgien dentiste j’ai extrait des dents sans faire aucune radio au préalable. Si en cours d’intervention je m’apercevais que la dent était difficile à extraire à ce moment-là je faisais une radio. La plupart de mes confrères avaient une pratique totalement inverse, ils prenaient une radio systématiquement avant chaque extraction. La différence à la sortie c’est que j’ai économisé au système social et en exposition pour mes patients plusieurs milliers de radios totalement inutiles puisqu’en 30 ans d’exercice le fait de ne pas faire de radio n’a jamais entraîné conséquence grave pour le patient.
Le but des examens complémentaires
Un examen complémentaire sert à confirmer ou infirmer un diagnostic donc pour cela il faut avoir au préalable une idée de ce que peut être la pathologie du patient. Il est à différencier d’un examen de prévention. Dans ce dernier cas, il s’agit de faire une recherche de maladie en aveugle afin de dépister chez un groupe de personnes une maladie assez fréquente ou lors ou d’éliminer lors d’un examen une pathologie potentielle mais à fort risque létal ou handicapant.
Le sens clinique
Pourquoi fait-on journellement en France des examens complémentaires inutiles ? Pour assurer la sécurité du patient ? Celle du praticien ? Car le praticien qui ne pratique pas ces examens et se trouverait confronté à un problème non prévu commettait une faute professionnelle et serait traîné devant les tribunaux.
Il faut absolument faire une chasse aux examens inutiles ou très faiblement utiles. Ils ne doivent quasiment jamais être prescrits en première intention, il s’agit d’examens complémentaires servant à affiner un diagnostic établi au préalable. En plus, faire un examen complémentaire parapluie pour détecter une maladie rare, très rare, semble absurde. Faire 100 000 radios pour détecter une maladie est une dépense immense, et ce d’autant plus que la plupart du temps les symptômes vont s’aggraver avec le temps et permettre un diagnostic clinique plus précis qui à ce moment-là justifiera un examen complémentaire.
Autre exemple d’attitude où on ouvre le parapluie. Suite à d’une douleur sur le dessus du poignet je suis allé aux urgences de l’hôpital. Après 3h d’attente un médecin m’a diagnostiqué une tendinite. Cependant il a voulu m’hospitaliser pour le cas où j’aurais un problème très particulier qui pour être diagnostiqué nécessitait une échographie. Or c’était la samedi et personne n’était présent pour la faire d’où la “nécessité” de me garder en observation. J’ai signé une décharge et je suis parti, il fallait que j’accueille mes patients le lundi matin. Résultat, attelle et deux semaines après j’étais guéri.
Nous n’avons pas les moyens de soigner à n’importe quel prix, 100% des maladies chez 100% des malades. Avec des idées de budget extensible à l’infini nous en arriverons à 4000 milliards d’endettement.

