Le système de santé français a été bien conçu à sa création. Il y avait un reste à charge pour tous les citoyens qui était de 25 %. Cela s’appelait le ticket modérateur. Comme son nom l’indique, il servait à modérer les dépenses de santé de chaque assuré. Le système était très juste puisque toutes les dépenses au-delà d’un certain seuil étaient prises à 100 % par la caisse d’assurance maladie considérant qu’on ne va pas se faire opérer pour le plaisir. Cependant par le système des assurances complémentaires, le ticket modérateur a totalement disparu ce qui a tendance à provoquer une inflation dans la consommation des soins. La diminution du nombre de prestataires de santé n’est qu’une tentative de correction de cette inflation. Or, il est largement préférable d’avoir un ticket modérateur et de pouvoir avoir accès facile aux soins plutôt que de ne pas y avoir accès du tout par manque de professionnels.
Ce déficit en personnel de santé a plusieurs conséquences. La première, c’est que cela retarde les traitements qui sont urgents. Un patient soigné à temps coûtera moins cher à la collectivité qu’un patient dont la maladie s’est largement développée avant de pouvoir la soigner. C’est le principe de la prévention qui coûte beaucoup moins cher que la maladie. En plus l’état français effectue un vol, oui parfaitement un vol. Il vole des praticiens de santé à des pays étrangers. Ces pays ont payé la formation de leurs praticiens de santé pour qu’ils exercent chez eux et rendent service à leur propre population. Or ces praticiens de santé formés à l’étranger viennent travailler en France sans que l’État ait payé pour leur formation. Il s’agit donc bien d’un vol. Le manque de professionnels de santé est une vaste hypocrisie des gouvernements successifs. En effet, c’est le moyen le plus simple de diminuer les dépenses de santé, moins de praticiens = moins de dépenses. La situation est devenue très grave. Dans les zones sous dotées, il faut parfois faire 50 voire 100 km pour aller consulter un spécialiste qui même sans cette patientèle venant de loin est déjà débordé.
La solution d’urgence serait d’obliger les jeunes diplômés à travailler dans des centres de santé équipés par l’État pendant trois ans avant d’accéder à la libre installation. Ce ne serait que normal puisque c’est l’État qui paye en grande partie les études médicales.
Le coût de la santé, au regard de l’augmentation de la qualité de soins et de la complexité technologique, ne peut qu’augmenter. Plus un pays va être évolué technologiquement, plus la santé sera chère. C’est imparable. Dans un but d’égalité, il est donc nécessaire de créer un socle commun de soins basiques remboursables par les assurances maladie voire gratuits et payés par l’État directement aux praticiens de santé. Ce socle couvrirait les pathologies mais exclurait les techniques de pointe, novatrices mais excessivement chères. A charge de chaque citoyen de payer lui-même ces traitements en fonction de ses choix et de ses revenus. Il y aurait ainsi une inégalité dans la santé mais celle-ci est déjà existante. En dentaire, l’appareil amovible est gratuit mais les implants sont payants. Par contre les tarifs de ces soins non remboursables devraient être encadrés à un niveau plus que raisonnable.
Il n’est pas possible de continuer à surcharger l’État avec des dépenses de santé. Les cotisations sociales nuisent à la compétitivité internationale de notre pays. Ce socle de santé serait révisable annuellement en fonction des performances économiques du pays.
Un exemple, en Angleterre il y a quelques années une société pharmaceutique a proposé au système national un médicament permettant d’augmenter de six mois la durée de vie des patients atteints d’un certain type de cancer. Le gouvernement anglais a refusé en raison du coût du médicament et du peu d’utilité collective de celui-ci.
Il existe une autre inégalité. Les riches paient pour l’assurance maladie des pauvres. Les cotisations payées par quelqu’un au Smic ne couvrent pas du tout les dépenses de santé, ce sont les cotisations des revenus élevés qui compensent ce manque. Il n’y a donc aucun problème, si en plus de payer pour les moins bien lotis, ils se paient des soins de luxe.
Par contre, le fait de reporter sur les mutuelles de plus en plus de dépenses de santé pose un gros problème de répartition des charges. Les cotisations des mutuelles sont fixes, celles des organismes de sécurité sociale sont variables en fonction des salaires. Les cotisations de mutuelles ne bénéficient pas du report des cotisations de plus démunis sur les plus aisés.
Avec la CMU les caisses nationales faisaient fonction de mutuelle. Quel obstacle y aurait-il à progressivement déléguer la totalité des cotisations maladie sur les mutuelles. Les salariés auraient le choix de leur caisse, à charge pour l’État de légiférer et d’encadrer.
Par exemple : seuls les médecins de caisse seraient habilités à prescrire des arrêts de travail.
A titre personnel, de pouvoir prolonger la vie d’un membre de la famille est extrêmement important, mais au niveau collectif cela n’a aucun intérêt. Il incombe donc à chacun d’estimer le coût de la prolongation. Ce que je vais dire est très égoïste mais très réel ; quel prix seriez-vous prêt à mettre pour prolonger la vie du tonton du voisin ?
Idem pour le covid, quel prix mettriez-vous de votre poche pour sauver le grand père de quelqu’un d’inconnu et jusqu’à quel prix iriez-vous pour sauver le vôtre ? L’arrêt total de l’économie de notre pays a coûté très, très cher à chacun d’entre nous.