Tous les économistes connaissent bien Adams et sa main invisible, Ricardo et ses avantages comparatifs.
Adams a parlé de la main invisible dans son livre “La richesse des nations” en 1776. Le principe simplifié en est que sans intervention de l’État les marchés s’équilibrent d’eux-mêmes exactement comme si une main invisible venait les réguler.
Par ailleurs, Ricardo, autre économiste, a parlé des avantages comparatifs. Le principe en est assez simple. Prenons l’exemple d’un ingénieur dont le salaire est de 50 € de l’heure, serait-il intelligent de la part de cette personne de tondre elle-même sa pelouse alors qu’un jardinier peut le faire pour 15 € de l’heure ? Il serait plus logique que cette personne travaille à ce qu’elle sait le mieux faire pour 50 € de l’heure et paie un jardinier. Ce raisonnement peut être appliqué à l’économie internationale. Quand un pays excelle dans un domaine, il serait stupide de continuer à produire dans un domaine où il est mauvais. Il vaut beaucoup mieux importer des objets ou des matières premières et se spécialiser encore plus dans le domaine où il est bon et rentable. Ainsi, quand un pays s’ouvre au commerce international, il voit se développer son économie. Ricardo dans son analyse va encore plus loin puisqu’il estime qu’un pays moins bon qu’un autre dans un domaine verra quand même un avantage à s’y développer si ce domaine est celui où il est le meilleur.
Sur la base de ces deux faits incontournables, les économistes dans leur majorité actuellement, prônent une ouverture au commerce extérieur pour tous les pays donc un libéralisme économique. Tout cela est vrai dans le cas où les marchés sont parfaitement équilibrés, ce qui n’est quasiment jamais le cas.
Ainsi, comme cela est démontré dans le livre de Stiglitz, chaque pays doit s’ouvrir au commerce international dans le domaine où il excelle en avantage direct et non comparatif et qu’il se protège dans tous les autres domaines le temps de pouvoir se développer et d’avoir la puissance économique nécessaire pour pouvoir se frotter aux géants de l’économie mondiale. Le fait d’exporter dans le domaine où il excelle lui permet d’importer soit des matières premières qui lui manquent, soit la technologie et les machines-outils nécessaires à se développer dans d’autres domaines.
Il en était ainsi en URSS, les nombreuses républiques qui formaient cet immense pays étaient à des niveaux économiques différents, la Russie était beaucoup plus avancée que le reste du pays. Ainsi les ingénieurs russes n’ont pas fait venir la main d’œuvre des républiques périphériques, mais ils ont construit des usines sur place pour le bienfait des populations locales. Ils ont construit des usines, des barrages, des écoles, des dispensaires. Actuellement quand un pays sous développé, s’ouvre au commerce international, souvent forcé par le FMI ou la Banque mondiale, il s’ouvre à une concurrence totalement déloyale, il s’ouvre au dépeçage de son pays par les grandes sociétés internationales contre lesquelles un pays sous-développé ne peut pas lutter et au lieu de se développer, il se met sous le joug d’une autre forme de colonisation, non pas politique mais économique.
En conséquence je prônerai la formation de clusters au niveau international avec protectionnisme pour chaque unité et ouverture internationale au choix de chaque pays dans des domaines décidés par les gouvernements et les économistes locaux. Dès qu’un cluster sera aussi développé qu’un autre, ils pourront faire tomber les barrières du protectionnisme et s’ouvrir à la libre circulation des biens et des personnes.
Je pense sincèrement que l’Europe a fait une grande erreur en intégrant les anciens pays satellites de l’URSS avant qu’il ne soient au niveau économique de la CEE. Il eut été beaucoup plus logique d’adopter la stratégie de l’URSS et d’implanter chez eux des usines modernes, de les aider administrativement et économiquement et seulement ensuite de les intégrer dans l’Europe. Actuellement les salaires minimums en Europe vont de 2 500 € à 400 €. En l’état des choses, même si mon souhait le plus profond est de faire un SMIC européen, cela est totalement impossible.
Dans le même ordre d’idées, il n’est actuellement pas normal du tout d’importer depuis l’autre côté de la planète des biens que nous pouvons produire localement, il n’est pas normal que des produits agricoles subventionnés par les gouvernements européens se retrouvent à des prix cassés et viennent détruire le petit commerce agricole local dans des pays qui n’ont pas les moyens ni de se payer des subventions, ni d’avoir une agriculture industrielle et mécanisée comme chez nous. A l’inverse, nous avons des exigences pour les exploitations agricoles en matière d’écologie, de produits phytosanitaires rendant les produits agricoles bien plus chers et nous importons à bas prix là où les règles sont moins draconiennes.
Les pays qui se sont le mieux développés en partant de très bas, sont ceux qui ont su se fermer totalement ou partiellement au commerce extérieur comme la Chine et Singapour.
Je repousserai donc au maximum toutes les orientations vers le libéralisme économique. Des pays sous-développés comme ceux de l’Afrique ont fortement besoin de se replier sur eux-mêmes et de se développer grâce à une aide ou à des échanges totalement dénués d’intérêt financier. Plus un pays est stable économiquement, pas forcément développé mais stable, moins il est susceptible d’instabilité politique : guerre civile, coup d’état, alors seulement devient-il attractif pour l’investissement.
En ce qui concerne l’Europe, le but va être de nous développer en tant que pays et non mosaïque de pays, chacun tirant la couverture à soi. Il faut un protectionnisme en Europe mais un protectionnisme intelligent. Monsieur Trump lors de son mandat a dit : America First, je dis : Europe first. Nous avons la puissance économique pour développer une armée européenne équipée par une industrie européenne, nous avons la possibilité de nous développer économiquement autant que la Chine. Nos voitures européennes sont tout aussi bonnes que celles venant hors de nos frontières.
Cependant ces modifications doivent se faire progressivement, toute modification brutale provoquerait une crise économique avec du chômage à la clé et ce d’autant plus que si une erreur est commise les dégâts seront moindres si le changement est faible, un ajustement des mesures est plus aisé ainsi.
L’idéal serait d’avoir un mandat de non pas cinq ni sept mais dix ans non renouvelables, cela donne vraiment le temps de faire évoluer notre pays et l’Europe.