Dans le langage courant nous, qui habitons des pays privilégiés de la planète, différencions deux types de régime politique : la démocratie et la dictature, le bien et le mal.
Exprimé ainsi, cela semble un peu caricatural et pourtant dans la bouche de nos hommes politiques ou des médias c’est bien comme cela que c’est présenté.
Nous savons tous que la limite entre le bien et le mal est une limite floue. Un homme déséquilibré qui en torture un autre c’est le mal, une mère qui torture quelqu’un pour savoir où il a caché son enfant en train de mourir, c’est le bien. Un homme qui assassine un autre c’est le mal, un homme qui tue pour défendre sa patrie, c’est le bien. Comme je vous l’ai dit, la limite est très floue et variable en fonction du temps, du lieu et des circonstances.
Prenons l’exemple du Salvador, 4000 morts par an dues aux gangs. Le président fait un coup d’État et emprisonne 70 000 personnes pour un délit de sale gueule : les membres des gangs sont tatoués de manière assez caractéristique. Il peut dans le tas y avoir des gens qui sont tatoués comme ça sans avoir rien fait. Cet emprisonnement arbitraire est mal, c’est anti-démocratique et pourtant, le résultat est là, à peine 500 morts en un an .
La notion de démocratie et de dictature tout comme le bien et le mal sont des notions floues.
Nous vivons dans des pays économiquement développés, très développés. Nous avons la chance de pouvoir nous permettre une forme de démocratie, et encore notre démocratie est totalement inféodée à la puissance monétaire, donc au pouvoir d’une poignée de personnes, celle qui possède l’économie. Et celle qui possède l’économie possède aussi les médias. Comme vous le voyez notre démocratie n’en est pas tout à fait une.
Dans le film le professionnel avec Belmondo, le président à vie d’un état imaginaire d’Afrique noire dit : “Vous avez mis deux révolutions et cinq républiques pour arriver à un semblant de démocratie, vous de ne voudriez quand même pas que nous y arrivions en quelques années”.
Cette réflexion est très vraie, chaque pays a le régime qui lui convient. Un pays dictatorial peut-être même nécessaire pour que l’ensemble de la population n’en viennent pas aux mains. A chaque fois que, pour des raisons économiques déguisées sous le prétexte fallacieux d’une défense de la démocratie, une guerre a été déclenchée comme en Irak par exemple, les différentes factions du pays ont commencé à se battre entre elles. Les habitants y ont-ils gagné ?
La France sous l’impulsion des États-Unis est allée faire la guerre en Libye “pour la démocratie”. Avant l’intervention, le pays était soi-disant dictatorial mais c’était un pays laïc et les enfants pouvaient aller à l’école sans danger, les parents aller au travail sans aucun problème. A présent l’esclavage est revenu et les différentes parties du pays se battent entre elles. Les simples citoyens n’ont plus aucune sécurité. La démocratie y-a-t-elle vraiment gagné ?
Le meilleur moyen d’instaurer la démocratie dans un pays, c’est de l’aider à se développer économiquement. Tous les pays économiquement développés évoluent spontanément et progressivement vers la démocratie. L’occupation économique, le colonialisme déguisé ne sont absolument pas une voie pour installer la démocratie. Seuls la révolte contre l’occupant, l’intégrisme religieux peuvent en résulter car quand tout va mal autour de soi on s’accroche à ses racines et qu’y a-t-il de plus profond comme racine que les racines religieuses ?
Voyez comme dans nos pays économiquement avancés les racines religieuses évoluent progressivement vers des racines philosophiques, plus ouvertes aux autres religions, plus ouvertes aux autres tout court.