S’il est un sport dans lequel les États-Unis excellent, c’est la manipulation des minorités. Cependant, c’est un exercice extrêmement délicat et qu’il vaudrait mieux éviter quand une politique à long terme est désirable, et à mon avis le long terme l’emporte toujours sur le court terme.
En 1984 le gouvernement d’Afghanistan, démocratiquement élu, a fait appel à l’URSS pour stabiliser la situation intérieure. Dans le contexte de guerre froide de l’époque, les États-Unis, dans le but de simplement contrebalancer le pouvoir de l’URSS, ont alimenté les moudjahidins et les talibans en armes et en finances. Cela semblait à l’époque de bonne guerre mais c’était une réaction purement immédiate, en fait ils finançaient l’extrémisme islamiste. Bien des années plus tard, ils ont fait exactement le contraire en se battant contre ces mêmes minorités.
Lors du conflit Iran-Irak, les États-Unis ont fourni un support militaire et économique à l’Irak pour lutter contre l’Iran qui s’était permis d’agresser l’ambassade américaine. Quelques années plus tard, l’Irak a envahi le Koweït en se sentant plus ou moins soutenu par les États-Unis. Les États-Unis ont ainsi une politique d’intervention à l’extérieur de leur pays purement ponctuelle et sans aucune visée à long terme. Il s’agit systématiquement d’intervention militaire et quasiment jamais d’intervention économique pour aider à stabiliser le pays, pour l’aider à se développer économiquement. Cela est bien normal puisque le seul intérêt des États-Unis c’est de se développer eux-mêmes économiquement au dépend du reste de la planète, ce qu’ils font allègrement avec leurs pétrodollars.
En 1966 de Gaulle les a foutu à la porte de la France, il avait même pour projet de faire un embryon d’Europe politique et militaire en associant la France et l’Allemagne. Malheureusement les États-Unis déjà bien implantés en Allemagne on fait capoter le projet. De Gaulle a continué avec une politique anti-américaine ou plutôt une politique d’indépendance de la France ce qui me semble normal pour un pays. Les événements de 1968 sont-ils venus spontanément ou ont-ils été stimulés par la CIA ?
Ils ont fait exactement la même chose en Syrie. Pour des raisons économiques et politiques, ils ont voulu abattre Bachar el-Assad. Ils ont donc alimenté des minorités intégristes islamiques en les faisant passer pour des révolutionnaires épris de démocratie. La réalité fut tout autre, ces minorités sont rapidement devenues hors de contrôle et les États-Unis les ayant financées et faites passées pour des gentils. Malgré tout, ne voulant pas vraiment les freiner, ils se trouvèrent à faire le grand écart. Il a fallu l’intervention de la Russie pour arriver à rétablir l’ordre dans ce pays et éviter une flambée internationale de l’intégrisme islamique, à présent, le dirigeant de la syrie est un intégriste islamiste ayant pris une apparence acceptable pour l’occident, à suivre…
Les médias ont eux aussi participé de bonne foi ou non à la désinformation. Débutant l’information en présentant ses combattants comme des révolutionnaires luttant contre le monstre Bachar el-Assad ayant voulu gazer son propre peuple, ils se sont trouvés eux aussi en position de porte-à-faux en disant que, malgré tout, dans ces intégristes islamistes, il y avait des révolutionnaires qui voulaient le bienfait de leur propre pays et ces informations ont freiné la prise de conscience internationale de l’incontrôlabilité de ce mouvement qui s’était transformé en daesh.
La manipulation des minorités et des médias peut faire émettre des doutes sur la validité des revendications indépendantistes. La chute de l’URSS est-elle le fruit pur et simple d’un effondrement de l’intérieur ou celui de la stimulation depuis l’extérieur de quelques minorités en veine d’indépendance ?
Il est tellement facile de prendre quelques personnes avec quelque rancœurs que ce soit et de leur dire mais c’est normal vous êtes un ukrainien et non russe, vous êtes un georgien et non russe, il n’est pas normal que vous soyez “occupés”. Dans tout pays il est possible de trouver une minorité de mécontents désirant l’indépendance de leur pays, de leur région, de leur petite zone en faisant fi de tous les avantages qu’il y a à faire partie d’un très grand pays (même en France, la Gadeloupe, la Corse, …). Cela est d’autant plus inexact que l’URSS n’a jamais agi comme la France l’a fait vis à vis des langues régionales qui ont purement et simplement été tuées au lieu de chapeauter tout cela avec le français et en laissant vivre les langues locales comme cela se faisait en URSS. Au sein de ce vaste pays, il y avait une langue de communication enseignée à tous les habitants : le russe, et chaque pays ou chaque zone avait sa propre langue, sa propre culture.
Actuellement, quand je vois des indépendantistes ou des révolutionnaires, je me pose toujours la question: représentent-ils vraiment l’ensemble de la population ? Leur développement vient-il vraiment du fait qu’ils arrivent à convaincre les autres ou s’agit-il d’un financement extérieur, d’une manipulation ?
N’oublions pas la devise de la Belgique : l’union fait la force ! Plus un pays est grand, plus il est à même d’avoir une position de négociation favorable. Diviser pour régner, inutile de diviser pour l’Europe, c’est déjà fait. À quand l’Europe fédérative avec une puissance équivalente à celle de la Chine ou des États-Unis ?