Un de mes patients m’a un jour dit : “Vous savez monsieur Raeymaekers, les enseignants ce sont des personnes qui n’ont jamais quitté l’école”.
Il avait entièrement raison. En tant que praticien, j’ai fréquenté des tas de personnes issues de milieux différents. Les enseignants, bien que tous différents, ont quand même quelque chose de commun qui les rassemble, une particularité. Un enseignant, dans l’idéal, devrait être quelqu’un qui aurait exercé professionnellement la matière qu’il enseigne au moins quinze ans. Bien évidemment, pour quelqu’un devant enseigner des matières fondamentales comme les mathématiques ou le français, on ne voit pas bien dans quel domaine il pourrait travailler en dehors de certains rares chercheurs en matière pure, quoiqu’un professeur de français pourrait travailler comme correcteur dans une maison d’édition mais il n’y a pas assez de places que pour y employer tous les enseignants. Mais pour tous les métiers assortis d’un aspect pratique, il me semble parfaitement normal qu’avant d’enseigner il faut que la personne ait pratiqué.
Quand je faisais mes études à la faculté de chirurgie dentaire, avant de devenir enseignant, il fallait attester d’un exercice de quinze ans. Actuellement dans les facultés nous avons des personnes qui n’ont jamais quitté la faculté et qui n’ont jamais exercé leur métier. Cela me semble totalement aberrant. Bien évidemment ces personnes-là sont souvent des chercheurs ou chercheuses mais quel est l’intérêt de transmettre des connaissances théoriques venant de quelqu’un qui n’a jamais exercé le métier qu’il enseigne ? L’inefficacité de l’enseignement en est la preuve. Il y a 40 ans il fallait cinq ans pour former un dentiste, actuellement il en faut six et ils envisagent de rajouter une année !
Ainsi il faudrait séparer la recherche de l’enseignement, il s’agit de deux domaines totalement différents. En vous référant à mon commentaire sur la recherche au niveau de la France ou de l’Europe, vous verrez que je préconise la mise en place de centres de recherche européens avec un matériel technique de très haut niveau attribué à l’élite de nos chercheurs. Bien évidemment, tant qu’il ne s’agit que d’une recherche livresque ou d’études statistiques sur le terrain, n’importe quelle université est à même de le faire. Quant aux étudiants, ils n’ont pas besoin pour leurs études du même matériel extrêmement pointu que celui utilisé pour la recherche.